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Nasredine Guenifi, un pionnier du 7ème art en Algérie

mercredi 3 août 2022, par latifa madani

En présence du réalisateur et en coopération avec l’ARAC et l’ALF, l’ACCA a présenté le 22 octobre 2020 le film de Narsredine Guenifi : "Nous n’étions pas des héros"..

Apprenant aujourd’hui sa disparition l’ACCA s’incline devant ce combattant que nous avons eu l’honneur et le plaisir de côtoyer avant cette projection. De nombreux articles sont parus à l’annonce de sa mort, notamment dans la presse algérienne. Nous reproduisons ci-après celui de l’humanité (bien que regrettant l’euphémisme du dernier paragraphe sur la "fragilité de certains soldats français".

https://www.humanite.fr/culture-et-savoirs/cinema/disparition-nasredine-guenifi-un-pionnier-du-7-e-art-en-algerie-759488

Disparition. Nasredine Guenifi, un pionnier du 7ème art en Algérie

Cinéaste engagé et exigeant, il fut un grand défenseur de la création cinématographique et audiovisuelle dans son pays.
par Latifa Madani

Le cinéaste Nasredine Guenifi préparait un film sur Maurice Audin. Il est décédé le 1er août à Paris, à l’âge de 79 ans.
Il n’a pas encore 20 ans lorsqu’il débute, en 1962, comme technicien à la Radiodiffusion-télévision française (RTF). L’Algérie est à l’aube de son indépendance. Nasredine Guenifi assistera ainsi aux premiers pas de la RTA, Radiodiffusion-télévision algérienne, et à la naissance des premiers films de l’Algérie indépendante. Il est aux côtés de son maître, René Vautier, afin de monter un atelier de production cinématographique pour le compte du ministère algérien de la Jeunesse et des Sports, jusqu’à la création du Centre national du cinéma, ancêtre de l’Oncic (Office national pour le commerce et l’industrie cinématographique), qui a produit notamment Z, de Costa-Gavras.
En première ligne dans la lutte et la résistance
Pionnier du cinéma et de l’audiovisuel en Algérie, Nasredine Guenifi en fut un artisan exigeant et un défenseur acharné. Il avait plus d’une corde à son arc d’artiste militant. Réalisateur de documentaires et de fictions, scénariste, directeur de la photo, dessinateur de presse, il a écrit des nouvelles et un roman, Ahmed Bey, l’Algérien.
Né en 1943 à Constantine, Nasredine Guenifi a fait l’École des beaux-arts d’Alger, avant des études supérieures dans le cinéma et l’audiovisuel, à l’université Paris-VIII. Son engagement, notamment syndical, lui vaudra de nombreux blocages dans l’exercice de son métier.
Au début de la décennie noire, il se trouvera en première ligne dans la lutte et la résistance contre le terrorisme intégriste. Son fils, Hichem, 20 ans, stagiaire à la radio, en fut l’une des victimes, assassiné le 6 juin 1994 par un membre du Front islamique du salut (FIS).
À l’image de sa vie, son œuvre est militante. Ainsi, il réalise successivement le Maquisard à la caméra (2008), en hommage à René Vautier, puis en 2009 Daniel Timsit, l’Algérien, un film sur ce médecin juif berbère, communiste et anticolonialiste. En 2017, enfin, il arrive au bout d’un projet au long cours : Nous n’étions pas des héros, l’adaptation au cinéma du livre-témoignage le Camp, d’Abdelhamid Benzine, combattant de la libération dans le maquis communiste et ancien rédacteur en chef d’ Alger républicain. Le film, salué par la critique, donne une nouvelle vie au livre publié en 1962. Il relate les conditions de détention inhumaines des prisonniers algériens dans les camps spéciaux de l’armée coloniale, la solidarité entre détenus et la fragilité de certains soldats français.
Le cinéaste préparait de longue date un autre projet qui lui tenait à cœur, un film sur Maurice Audin. Il est décédé le 1er août à Paris, à l’âge de 79 ans.

source : https://www.humanite.fr/culture-et-savoirs/cinema/disparition-nasredine-guenifi-un-pionnier-du-7-e-art-en-algerie-759488