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Prabowo Subianto, le président indonésien invité d’horreur du 14 Juillet
Présent au défilé militaire de la Fête nationale aux côtés d’Emmanuel Macron, le président indonésien est aussi un ancien général de l’armée et criminel de guerre, responsable de plusieurs massacres de civils.
mardi 15 juillet 2025, par
Elles ont séduit par leurs couleurs, leur « exotisme », sur les Champs-Élysées. Défilant derrière leur drapeau et celui de la France, les unités militaires indonésiennes saluaient, place de la Concorde, Emmanuel Macron et son invité d’honneur, le président indonésien Prabowo Subianto. Coiffé d’un songkok et de lunettes de soleil, celui qui a été élu en février 2024 à la tête de l’archipel aux 16 000 îles était dans son élément.
par Axel Nodinot in l’humanité
Né en 1951 à Jakarta, il s’engage dans une carrière militaire, jusqu’à obtenir le grade de général lors de la dictature de Suharto (1966-1998). Sous sa coupe et celle des généraux, l’Indonésie connaît de nombreux massacres, parmi lesquels les grandes purges anticommunistes de 1965 et 1966, qui ont fait entre 1 et 3 millions de morts, avec l’aval des États-Unis et de l’Australie.
Un rôle actif dans le génocide au Timor oriental
Prabowo Subianto a aussi participé au génocide du Timor oriental, à partir de 1975. Environ 200 000 personnes y ont été tuées, toujours avec l’appui de Washington. Enfin, il est sans nul doute l’un des responsables de la colonisation de la Papouasie occidentale, en cours depuis les années 1960 et qui a fait environ 500 000 morts au sein de la guérilla papoue, en plus de nombreuses exactions et destructions.
« Il a les mains pleines de sang, tonnait le président papou Benny Wenda auprès de l’Humanité. J’alerte une nouvelle fois le monde sur cette personne, qui s’est vu refuser durant plusieurs années l’entrée dans des pays tels que les États-Unis ou l’Australie en vertu des conventions de l’ONU. »
Car l’appétit du général n’aurait pu se contenter de sang et de puissance, il lui fallait aussi le pouvoir. Après avoir été exclu de l’armée pour « conduite déshonorante » et exilé en Jordanie, il revient au pays au début du XXIe siècle, et fonde avec son frère – un milliardaire propriétaire d’exploitations forestières et minières – Hashim Djojohadikusumo le Gerindra, « le parti de la grande Indonésie ». Ce mouvement d’extrême droite populiste diffuse un discours guerrier et xénophobe, et son fondateur se présente à l’élection présidentielle dès 2014, contre le très apprécié Joko Widodo. Il perd le scrutin, ainsi que celui de 2019, remettant violemment en cause la véracité des résultats.
Pourtant, « Jokowi », prêt à toutes les compromissions pour rester en poste, nomme son adversaire au ministère de la Défense. Ils mènent tous deux une politique autoritaire, développant économiquement l’Indonésie grâce notamment aux mines de nickel, pour lesquelles la troisième forêt tropicale primaire au monde ne cesse de rétrécir. Mais l’entrée du pays dans les économies émergentes et récemment les Brics+ est nuancée par de profondes inégalités et des exactions qui continuent sur les minorités.
Prabowo Subianto est ingérable : il propose seul, sans l’aval de la présidence ou de la diplomatie, un plan de paix en Ukraine. En 2024, la troisième est la bonne : le général remporte la présidentielle, avec comme vice-président… le fils de Joko Widodo, qui le soutient donc. Et continue son lobbying à l’étranger, jusqu’à cette tribune, le 14 juillet 2025, en face de l’Arc de triomphe.
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source humanité
