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Une rue Frantz Fanon à Bordeaux. Lettre de l’ACCA au maire

samedi 2 mars 2019, par Secrétaire

Monsieur Alain Juppé, maire de Bordeaux,

L’association Agir contre le Colonialisme Aujourd’hui ( https://www.malakoff.fr/fr/bouger-sortir/vie-associative/annuaire-des-associations/association/agir-contre-le-colonialisme-aujourd-hui-acca.html
apprend avec indignation que vous cédez aux injonctions de l’extrême droite, qui vilipende le combat de Fanon pour l’indépendance algérienne.
Au mois de décembre, le conseil municipal avait entériné le choix de donner à une sente du nouveau quartier Ginko, dans le nord de la ville, le nom du psychiatre martiniquais, figure de la résistance à l’oppression coloniale et combattant de l’indépendance algérienne. Il n’en fallait pas davantage pour provoquer l’un de ces déchaînements de haine dont se repaissent les nostalgiques de la colonisation. Depuis le marigot du site Internet de Riposte laïque, c’est l’élu RN François Jay qui a donné le signal de la curée, en dénonçant l’hommage « à un homme qui a pris, il y a soixante ans, fait et cause pour le terrorisme algérien ». Assimiler la lutte de libération algérienne à une entreprise terroriste, mettre le médecin chef de l’hôpital de Blida, penseur de l’émancipation humaine, dans le même sac que Daech : l’ignorance et la nigauderie le disputent ici à la falsification historique. Les vociférations de quelques extrémistes excités ont pourtant suffi à vous faire reculer. « Aujourd’hui, le choix du nom de Frantz Fanon suscite des incompréhensions, des polémiques, des oppositions que je peux comprendre », expliquez-vous !
À Bordeaux, ancien port négrier, les noms des opulentes fortunes bâties sur le commerce du « bois d’ébène » dessinent une toponymie urbaine oublieuse. Colbert, l’auteur du Code noir, a sa rue. Tout comme Faidherbe ou Gallieni, grands massacreurs coloniaux. Et le scandale serait, dans cette géographie, le nom d’un combattant de la liberté ?
Comme l’écrit bien la grande journaliste Rosa Moussaoui : "Fanon voulait restaurer l’humanité là où elle a été déniée. Cet horizon politique impliquait, pour lui, de guérir le colonisé et de découvrir l’homme derrière le colonisateur. Seul quelque esprit rance peut trouver là matière à polémique."
Jean Clavel, Vice-Président et Hervé Fuyet menbre du Bureau de l’ACCA