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Hommage à Jean-François GAVOURY

jeudi 10 août 2023, par Acca

Jean-François Gavoury disparu ce trois août. L’ACCA s’incline devant sa mémoire. Nous reproduisons ci-dessous la page qui lui est consacrée sur le site histoirecoloniale.net ainsi que le site de l’association ANPROMEVO avec le discours de J-F. Gavoury le 8 février dernier pour la commémoration de Charonne.
Décès de Jean-François Gavoury,
inlassable pourfendeur des nostalgiques de l’OAS

Décès de Jean-François Gavoury, inlassable pourfendeur des nostalgiques de l’OAS

Jean-François Gavoury, le président de l’ANPROMEVO, l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS, inlassable pourfendeur des nostalgiques de cette organisation terroriste, est décédé le 3 août 2023 à l’âge de 73 ans. Son père, commissaire central d’Alger, avait été assassiné par l’OAS le 31 mai 1961. Ci-dessous, le film de la cérémonie de dévoilement le 6 octobre 2011 de la stèle à toutes les victimes de l’OAS au cimetière du Père-Lachaise à laquelle il est intervenu après le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Nous y joignons un rappel de « l’affaire Gavoury », tiré du livre d’Alain Ruscio, « Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS », ainsi que l’interview qu’il a donné en 2022 au site « Place Audin ».
lire la suite sur https://histoirecoloniale.net/Deces-de-Jean-Francois-Gavoury-inlassable-pourfendeur-des-nostalgiques-de-l-OAS.html

Communication de Jean-François Gavoury le soir même de l’hommage rendu aux victimes de Charonne

Plaisir et fierté, ce mardi 8 février en début de soirée, à me trouver au côté successivement, du maître de la cérémonie commémorative (Henri Cukierman, président du « Comité Vérité et Justice pour Charonne »), de Delphine Renard, de François Vauglin (maire du 11e arrondissement de Paris), de Fabien Roussel (député, secrétaire national du Parti communiste), de Philippe Martinez (secrétaire général de la CGT).

Émotion à l’écoute de Delphine Renard qualifiant si opportunément de « Justes » les neuf morts de Charonne et bénissant leur mémoire.

Émotion au moment d’intervenir face à un auditoire aussi massif dans lequel je reconnais outre un nombre important d’adhérents franciliens de l’association au nom de laquelle je suis appelé à prendre la parole, des amis tels que représentants de la FNACA de Paris, président de l’Espace Guerre d’ALgérie (EGAL), auteure de la bande dessinée « Charonne – Bou Kadir », historien auteur de « Nostalgérie. L’interminable histoire de l’OAS ».

Même sentiment en entendant l’implacable réquisitoire contre les autorités de l’époque prononcé par l’estimable maire de l’arrondissement, le discours de campagne du candidat Fabien Roussel et celui, sans complaisance, du responsable de la CGT à qui l’on a dû le rappel des noms et qualités des neuf « Justes de Charonne ».

« La République, ce n’est pas la police aux ordres d’un préfet tel que Maurice Papon : c’en est même l’opposé ! La République, ce n’est pas un homme politique prétendant haut et fort l’incarner et exprimant sur son visage sa haine féroce de la police : c’en est même la caricature !

« La République, elle est ici, représentée physiquement par ses victimes, leurs descendants, leurs amis.

« Oui, la République française a fait des victimes, en nombre, en masse, il y a une soixantaine d’années, en Algérie comme en France. Des victimes désormais reconnues pour la plupart d’entre elles. Mais d’autres restent occultées : celles de la police parisienne le 8 février 1962 et de l’OAS. Une police et une organisation qui, ici, à Charonne, ont semblé se confondre et s’unir dans un même élan de sauvagerie homicide.

« Des victimes, disais-je, passées par pertes et profits, réduites au silence par des autorités qui, au sein de l’Armée, ont organisé ou couvert la destruction par un certain 2e bureau des archives militaires traitant de l’OAS, par des ministres qui, hier, ont couvert de distinctions honorifiques le torse des tueurs de l’OAS et qui, aujourd’hui, accordent leur sympathie compassionnelle aux anciens complices de ces criminels.

« La République doit reconnaître ses propres faiblesses, ses erreurs, ses fautes, ses forfaits : ce sont son devoir, sa dignité, son honneur.

« Elle doit dénoncer le double discours d’un Roger Frey qui, au lendemain du 8 février 1962, imputait la responsabilité des morts de Charonne aux manifestants eux-mêmes et qui, le 10 mars suivant, dans une allocution télévisée au journal de 20h00, dénonçait la « folie sanguinaire » de l’OAS, cherchant à « s’emparer du pouvoir par des méthodes que le régime hitlérien n’aurait certes pas désavouées », et en fustigeant les membres, qualifiés de « fascistes » et de « revenants de la collaboration ».

« Sachons gré au préfet de police Didier Lallement de sa contribution significative à la vérité, ce matin-même, au cimetière du Père-Lachaise.

« Pour conclure sur une note familiale (c’est tendance !), sur une note apaisée, sur une note d’espérance, je voudrais rapprocher deux déclarations distantes de soixante ans :

– celle de mon père, le jour de son accès au poste de commissaire central du Grand Alger : « L’horizon commence à blanchir et bientôt, je l’espère, luira sur l’Algérie l’aube de la paix. Je voudrais, de toute mon âme, être le Central de la pacification, la vraie cette fois, celle des esprits. Je rêve d’une Alger où les hommes s’entraiment enfin, sans plus être séparés par des races, des religions ou des mers. » ;

– celle à Amboise, il y a trois jours, de l’actuel ambassadeur d’Algérie, M. Antar Daoud, appelant à faire de la Méditerranée un « lac de paix partagée et non un lac de division ».

« Vive la République ici présente, et surtout vive la paix civile, vive la paix des mémoires. »

http://anpromevo.com/index.php/2022/02/07/communication-de-jean-francois-gavoury-le-soir-meme-de-lhommage-rendu-aux-victimes-de-charonne/